L'ARTISTE

Paul Tenèze (1924-2015) est un artiste Français né à Sainte Trie en Dordogne.

Pierre Tenèze peint par son fils Paul Tenèze en 1949

Mémoire d'enfance

Observer la nature avec son père

Dès son plus jeune âge, Paul est bercé par la nature. Son père, intéressé par les éléments de la Terre comme les graines en germination, les insectes, les pierres aux formes bizarres a appris progressivement à son fils à observer. D’abord les éléments près de la maison, les fleurs des champs puis le ciel, les étoiles, les étoiles filantes, la voie lactée l’été, les orages, les couchers et levers de soleil, les vols de grues au printemps et à l’automne. C’est lui qui commencera l’initiation au regard de Paul. Il acquiert des processus qui l’aideront plus tard à structurer sa vie et son mental

Sa mère solaire

La nature intéressait peu la mère de Paul comparé à la passion de son père. Elle aimait le contact avec les gens, curieuse de leur vie, de leur santé, de leur famille, toujours prête à les écouter se plaindre, à leur donner des conseils dont la substance était souvent tirée de la sagesse populaire des campagnes éloignées. Si son père était un être très intégré dans le temps, très secret, très patient dans son bricolage ou son jardinage, sa mère était une femme solaire. Comme certaines guérisseuses, une chaleur extraordinaire, brûlante émanait de ses mains, même lorsqu’elle eut plus de quatre-vingts ans.

Un feu intérieur brûlait en elle, une énergie anormalement puissante. Elle était l’une des rares femmes à avoir le permis de conduire avant la guerre, ce qui lui permis de faire les marchés et de vendre des vêtements. Pendant la guerre, en 1940, elle ouvrit le café du Port à Saint-Florentin et elle faisait aussi le taxi.

2 - Portrait de Marguerite Teneze - Laure

Marguerite Tenèze peint par son fils Paul Tenèze en 1949

Le désir de peindre et de créer

Pendant tout ce temps, un état d’esprit singulier permettant la création a émergé dans le mental de Paul. Il avait déjà l’impression que son mental se mettait à exister d’une façon très particulière, une manière d’être, sollicitant le regard, l’écoute, la curiosité, l’éveil. Dans son univers,  la compréhension des événements simultanés, aléatoires, forment avec d’autres, des coïncidences, des réseaux structurant, hiérarchisant, reliant les sensations, les pensées, les émotions, les sentiments…

Un mental capable de provoquer des rapprochements, des rencontres entre des faits, des visions, des souvenirs, des désirs, des temps anciens ou futurs. Un acquis, ou une culture, se développait irréversiblement, générant une trajectoire en même temps qu’une expansion incessante du connu de l’espace intérieur et extérieur jusqu’à rendre vivants les hasards, les flashs imprévisibles, les pensées furtives et même les silences du mental.

Fleuriste… le temps des incertitudes

À la suite de ses études de droit à Paris, Paul n’éprouvait aucune envie de poursuivre dans ce domaine. Son expérience pour un diamantaire à Paris l’a convaincu de ne plus jamais travailler pour un patron, ou plus précisément d’avoir la liberté d’être son propre patron.

De retour en Bourgogne, il vécut comme un marginal, sans métier fixe, en aidant sa mère qui tenait le café du port de Saint-Florentin. Il jouait beaucoup aux cartes, un moyen incertain de gagner de l’argent et péchait souvent, un moyen de se nourrir à peu de frais.

Après sa rencontre avec sa femme Jacqueline, il ouvrit un magasin de fleur en 1957. De nombreuses nuits se passaient à confectionner des corbeilles de mariage ou des couronnes mortuaires. Après plusieurs années, Paul fit le constat que son imagination s’asséchait. En effet, même avec quelques variantes dans les fonds de verdure ou la couleur des fleurs, le travail demeurait toujours répétitif.

En 1964, à l’âge de 40 ans, le temps était venu pour lui de penser à changer de métier.

 

Le métier de brocanteur,
l'organisation d'une vie d'artiste

Cette reconversion s’opérera, parallèlement à la restauration d’une maison à la campagne. Il s’installa dans le petit village de Courcelles, sur la route située entre Auxerre et Troyes.

Monter son commerce lui procura l’avantage d’organiser son propre emploi du temps et donc d’avoir du temps libre pour peindre. Il lui permit également, de se déplacer régulièrement dans le Massif Central pour récupérer des meubles et des objets nécessaires pour approvisionner sa brocante.

Chaque voyage se déroulait au milieu d’une nature imaginative, vivante, changeante de jour en jour, et plus encore de saison en saison. Cette immersion lui apportait un contact sans cesse renouvelé avec la source fondamentale du monde extérieur qui avait toujours alimenté et motivé les profondeurs de son esprit.

Cette profession de brocanteur a éveillé chez Paul d’autres intérêts et plaisirs plus subtils, comme par exemple découvrir des objets rares, plus anciens, archéologiques ou encore singuliers, remarquables, surprenants…

Paul fermera le magasin de brocante en 1981, pour se consacrer à la peinture, au yoga et aux voyages. Il avait 57 ans.

Certains meubles chinés, réparés trônaient dans la pièce de vie

Une nouvelle vie consacrée
à la peinture et à la création

Rapidement, s’installa un nouveau rythme de vie focalisé sur la création et la recherche picturale. Des dessins, des études, des expériences visuelles se sont succédées avant de donner naissance à des séries de tableaux. Entre les périodes de création, la mise au point du processus de création, des matériaux, les techniques pouvant permettre de formuler les nouvelles visions, les flashs, les idées, pour illustrer les coïncidences, les événement repérés, enregistrés sur des milliers de diapositives

Une vie éloignée de la civilisation, rythmée par la pratique du yoga, l’entretien d’une propriété d’un hectare, des balades dans la campagne, quelques voyages et des heures à peindre dans le secret de son atelier.

Une vie excentrique, marginale guidée par la volonté manifeste de se déconditionner, de penser autrement, d’affiner ses sens, notamment les sensations visuelles, pour élargir son univers perceptif et  étendre son champs conscience.

Partager la passion du Yoga

Dans les années 70, Paul avait également commencé l’étude du yoga et l’approche du taoïsme qui lui apportaient l’un et l’autre de nouveaux points de vue sur le monde, les mondes extérieurs et intérieurs et leurs relations. Cette rencontre avec la pensée orientale, cette ouverture et cet enrichissement pour le corps et l’esprit allait influencer son univers pictural comme le montre sa passion pour la calligraphie, et ces recherches sur les thématiques du vide, de l’infini, du cosmos…

Paul a suivi les cours de Hatha-yoga avec André van Lysebeth, obtenant ainsi son diplôme de professeur de yoga en 1980. Ensuite il a continué de se former notamment au yoga de l’énergie avec Roger Clerc

Il partagera cette passion pendant 20 ans avec ses élèves, dans les communes de Joigny, Migennes, Venizy… mais aussi avec sa femme Jacqueline et son fils Ludovic qui sont aussi devenus professeurs diplômés de Yoga.